Vous créez des logos, des sites web ou des programmes informatiques ? Vous passez au moins une douzaine d’heures sur une commande, vous envoyez le projet terminé avec la facture et vous ne recevez pas votre paiement ? Quels mécanismes juridiques inscrits dans le contrat peuvent augmenter vos chances d’être payé pour le travail effectué ? Et tous les moyens de garantir le paiement découlent-ils directement de la loi ?
Liberté contractuelle – en gros, tout ce qui n’est pas interdit est autorisé
Le principe de liberté contractuelle est le point de départ essentiel pour analyser les outils juridiques dont vous disposez en tant que prestataire de projet/fournisseur de marchandises. Dans la pratique, ce principe signifie que tant que le contrat ne viole pas les règles dites de coexistence sociale (c’est-à-dire le sens de la justice, de l’équité, de l’honnêteté et de l’équilibre entre les parties) ou les dispositions légales en vigueur, les parties disposent d’une grande liberté pour déterminer ce sur quoi elles s’accordent, comment cela doit être exécuté, quand, selon quelles règles et comment le paiement de la rémunération doit être effectué.
Ainsi, même si un mécanisme juridique donné (qui, par exemple, garantirait le paiement au prestataire) n’est pas explicitement décrit dans la réglementation, les parties au contrat peuvent y recourir en se fondant précisément sur le principe de la liberté contractuelle.
Quels sont les outils utilisés dans la pratique commerciale pour inciter les clients à payer ?
Option 1 – remise du projet/produit final uniquement après paiement intégral du prix
L’une des méthodes permettant d’inciter le client à payer notre projet/produit consiste à suspendre la livraison du résultat final de notre travail jusqu’au paiement intégral du prix convenu.
Il n’y a aucun obstacle juridique à convenir avec le client dans le contrat d’une rémunération forfaitaire déterminée, à percevoir une avance du client pour les travaux effectués et, dans le même temps, à convenir que la totalité de la rémunération doit être payée avant que nous remettions au client le résultat final des travaux.
Si nous choisissons cette option, une fois le travail terminé, nous devons informer le client que la marchandise/le projet est prêt et joindre la facture finale (le client peut venir voir la marchandise/le projet en personne ou nous demander d’envoyer des photos/vidéos/demander l’accès à l’environnement de test afin de vérifier la qualité de notre travail). Enfin, ce n’est qu’après le paiement intégral de la facture que le projet/produit réalisé est livré au client (ou remis pour enlèvement personnel).
Ce mécanisme est donc très simple : sans paiement intégral, le client ne recevra pas le produit ou le projet de notre part.
Option 2 – réserve de propriété jusqu’au paiement intégral de la rémunération/du prix
Cette méthode visant à inciter le client à payer diffère de l’« Option 1 » décrite ci-dessus en ce que, dans le cas de l’Option 2, la marchandise/le projet est remis au client avant le paiement final, de sorte que le client le reçoit physiquement, mais n’en détient pas les droits complets.
Dans le cas de contrats qui prévoient la vente, la fabrication ou la livraison de marchandises (par exemple, des meubles, des produits alimentaires), le mécanisme est assez simple. Il suffit de stipuler clairement dans le contrat que la propriété des marchandises ne sera transférée au destinataire (l’acheteur) qu’au moment du paiement intégral du prix/de la rémunération. Le client reçoit donc les marchandises avant le paiement intégral, mais n’en devient pas propriétaire tant qu’il n’a pas payé la totalité de la rémunération. Pourquoi est-il important de stipuler clairement dans le contrat que la propriété n’est transférée au client qu’au moment du paiement intégral de la rémunération ? Parce que la règle veut que lors de la vente d’un bien ou de l’exécution d’un travail, la propriété du bien est transférée au moment de sa remise (indépendamment du paiement). Pour modifier cette règle, il faut donc le stipuler clairement.
Que donne la réserve dans le contrat de propriété jusqu’au paiement intégral du prix ? En simplifiant : en cas de non-paiement du prix dans le délai fixé, nous pourrons simplement reprendre la marchandise au destinataire (l’acheteur), car nous en resterons propriétaires. Une telle clause sera donc particulièrement utile dans le cas de marchandises qui ont de la valeur, ne se détériorent pas rapidement et peuvent être vendues à un autre client.
En ce qui concerne les contrats comportant un élément créatif (par exemple, les contrats pour la création d’un site web, la rédaction d’une application ou la création d’un logo d’entreprise), une clause de réserve de transfert des droits d’auteur (ou d’octroi de licence) uniquement après paiement par le client de la totalité de la rémunération pour le projet jouera un rôle similaire.
Qu’est-ce que cela apporte ? Si notre client commence à utiliser les résultats de notre travail (par exemple, en publiant le logo que nous avons conçu sur son site web ou en commençant à « vendre » aux utilisateurs finaux l’application que nous avons développée pour lui) avant le paiement intégral de la rémunération, nous disposerons d’une série de droits découlant de la violation de nos droits d’auteur par le client. Nous pourrons donc exiger du client qu’il publie, par exemple, des excuses, une déclaration confirmant qu’il a violé nos droits, ou exiger le paiement de dommages-intérêts par le client.
Option 3 – suspension de la réalisation du projet/des livraisons jusqu’au paiement de la rémunération/du prix
Cette méthode fonctionne très bien pour les projets/livraisons étalés dans le temps ou cycliques (par exemple, lors de la création d’une application mobile – mise en service par fonctionnalités individuelles ou lors de livraisons de fruits à des chaînes commerciales tout au long de la saison).
Dans le cas de tels contrats, il est utile de garantir dans le texte du contrat qu’en cas de retard de paiement par le client pour des livraisons/projets/parties de projets déjà réalisés, nous serons en droit de suspendre les livraisons ultérieures ou la poursuite du projet.
Cette option peut également être combinée avec l’option décrite ci-dessous (résiliation du contrat).
Option 4 – résiliation contractuelle en cas de non-paiement de la rémunération
La résiliation du contrat est l’une des méthodes les plus radicales pour mettre fin à un contrat. Dans sa forme classique, elle « annule » le contrat dès le début, ce qui signifie que les deux parties doivent se restituer tout ce qu’elles ont reçu dans le cadre de l’exécution du contrat (c’est-à-dire que si nous résilions un contrat de livraison de fruits, le client doit nous restituer tous les fruits que nous lui avons livrés et nous devons lui restituer tous les paiements que nous avons reçus de sa part à ce titre).
Il convient de rappeler que la résiliation du contrat est un outil garanti par le Code civil lui-même. Il est donc possible d’y avoir recours même si cette possibilité n’est pas mentionnée dans le contrat. Toutefois, pour pouvoir exercer efficacement le droit de résiliation prévu par le Code civil, il convient de respecter certaines formalités (notamment envoyer une mise en demeure d’exécution du contrat et fixer un délai supplémentaire – ce n’est qu’après l’expiration de ce délai qu’il est possible de résilier le contrat).
En particulier dans le cas de contrats cycliques ou à long terme, il est intéressant d’introduire la possibilité de résilier le contrat, mais avec effet pour l’avenir et sans nécessité d’une mise en demeure supplémentaire (c’est-à-dire en modifiant légèrement la version codifiée de ce droit). Cela prendra alors davantage la forme d’une résiliation du contrat avec effet immédiat que d’une résiliation classique.
Grâce à l’introduction d’un tel outil dans le contrat, en cas de non-paiement par le client, nous ne serons pas obligés de rester dans une relation contractuelle aussi inconfortable – nous pourrons y mettre fin rapidement.